Saint-Médard 3D, un outil culturel et touristique précieux

Le travail a duré plus d’un an réunissant une équipe pluridisciplinaire de spécialistes. En faisant dialoguer archives, éléments archéologiques et outils numériques, la grande abbaye royale renaît…

La cour pavée est pleine de vie. La grande église impressionne par ses volumes. Un clic… Des marches… L’endroit étonne. Par les couleurs de ses statues, par la régularité de ses parements. La crypte se révèle telle qu’elle pouvait exister au Moyen-Age. L’œil étonné retrouve les lieux qu’il connaît… Mais en vérité, ils sont très différents. Saint-Médard 3 D permet à chacun de parcourir l’abbaye telle qu’elle était vers 1770.  

On faisait les rois à Saint-Médard

Derrière l’ordinateur, chacun peut prendre conscience de ce qui fut l’une des abbayes parmi les plus puissantes au nord de Paris. 

Durant les époques tumultueuses des dynasties mérovingienne et carolingienne, on fait et défait les rois à Saint-Médard de Soissons. Au début du IXe siècle, les religieux sont suffisamment habiles afin d’obtenir des reliques de saint Sébastien. Les conséquences sont immédiates, les pèlerins affluent, les dons également. L’abbaye Saint-Médard rayonne alors tout autant politiquement que spirituellement. 

Abbaye malmenée

Mais alors, pourquoi Saint-Médard 3 D ? Parce que si l’abbaye se trouve dans les récits et les chroniques, les événements historiques l’ont sérieusement malmenée. Au XVIe siècle, le gouverneur de Soissons a besoin de pierres pour réaliser la nouvelle enceinte de la ville. Pourquoi ne pas prélever à ciel ouvert sur le site de l’abbaye ? Il y avait déjà eu les méfaits de la guerre de Cent Ans mais les guerres de Religion vont mettre bien plus à mal Saint-Médard. 

A la fin du XVIe siècle, le bloc de façade de l’église disparaît. L’église elle-même s’effondre en 1621. En 1791, l’abbaye est mise en vente. Les religieux partent, une tannerie occupe les bâtiments bénéficiant de l’eau présente abondamment sur le site.  

Un outil unique

Les lieux changent d’affectation… On perd peut-être un peu la mémoire de l’abbaye. Gérard de Nerval évoquera un Pompéï médiéval laissant penser que le passé est à fleur de terre. 

Le temps passe. Dans les années 1980, des fouilles archéologiques révèlent pourtant la richesse du sous-sol des lieux. Des élévations subsistent, de la grande église les fondations sont toujours présentes. 

C’est fort de ce constat, que la Ville de Soissons a décidé de redonner vie à l’abbaye Saint-Médard virtuellement. Le travail, coordonné par le Service de l’Architecture et du Patrimoine et Karine Jagielski, a fait dialoguer Denis Deffente, archéologue départemental, Christian Corvisier, historien de l’architecture, Denis Rolland, président de la Société historique. Il y a eu des débats, il a bien fallu reconnaître la subsistance de zones d’ombre. Alain Grumelart a transcrit, pierre à pierre, tuile après tuile, les informations réunies par les spécialistes. 

Chacun peut désormais via son téléphone portable et une paire de lunettes s’immerger dans le Saint-Médard des années 1770. Ce travail remarquable est également accessible via son ordinateur.  Il permet à tous, Soissonnais ou visiteurs de passage de prendre conscience de la place de l’abbaye Saint-Médard dans la grande histoire. Cet outil numérique s’inscrit dans la volonté forte de la municipalité de faire connaître notre patrimoine comme de valoriser l’abbaye dans les années à venir.    

>> Découvrir la visite virtuelle de l’Abbaye Saint-Médard au XVIIIème siècle

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