Retour quelques mois en arrière : le 2 août 1918, la 11e division d’infanterie libère Soissons.
Quelques semaines plus tôt, fin mai, le haut commandement allemand avait lancé une dernière grande offensive dans la stupeur générale avec pour conséquence une évacuation générale des derniers Soissonnais qui étaient demeurés dans leur ville jusque-là.
Car, les effets des combats n’avaient guère tardé après le déclenchement du conflit. Ainsi, dès le 29 septembre 1914, la commission des Monuments historiques est à Soissons afin de constater les dégâts et déjà alors envisager les mesures de protection à prendre. Les travées de la voûte haute de la nef de la cathédrale s’étaient effondrées. Les dégâts étaient impossibles à réparer en raison de la présence allemande à moins de 1800 mètres de portée de tir.
Une ville à reconstruire
Prise, reprise, perdue, regagnée, Soissons demeure constamment sous les feux des combats. A l’automne 1918, avec 2000 maisons disparues, 1000 subsistantes réparables plus ou moins rapidement… La municipalité, retirée à Chartres, regagne une ville détruite à 80 %. Plus de gaz, plus d’électricité, quasiment plus d’eau… La priorité est à la fois au relogement et à la relance de l’économie.
Reconstruire, loger, nourrir
La loi Cornudet, adoptée au printemps 1919, donne aux villes de plus de 10000 habitants, les grandes lignes à suivre pour mener leur reconstruction. A Soissons, la ville va complètement changer de physionomie aboutissant à la création d’une cité aérée, articulée autour d’axes larges et rectilignes, le tout ponctué de places et d’espaces verts. C’est donc un tout nouveau Soissons qui sort de terre. La priorité est d’abord au logement des ouvriers et des commerçants. Des logements provisoires parent au plus urgent.
L’année 1920 voit le développement des missions sanitaires et sociales. A Soissons, la municipalité souhaite que la distribution de lait maternisé soit une priorité. Elle demande au CARD de bien vouloir assurer le suivi des mères et des nourrissons par des visites à domicile.
Des baraquements sont installés sur la Place Mantoue en attendant la construction du bâtiment La
Goutte de Lait, toujours existant aujourd’hui.
Les soins apportés aux enfants vont bien au-delà du sanitaire : culture et sport font partie intégrante du soutien apporté par les Américaines. Une bibliothèque est créée de façon provisoire sur la Grand Place et des cours de gymnastique sont organisés dans le parc Saint-Crépin. Peu à peu, la vie reprend.