Avant la construction des ponts Gambetta et du Mail à la fin du XIXe siècle, un seul pont enjambe l’Aisne, et cela sans doute depuis l’époque romaine.
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Composante fondamentale de la cité, le pont Saint-Waast reliait le quartier populaire et d’artisans du même nom et le cœur de la cité primitive sur l’autre rive de l’Aisne. Outre le lien entre les deux quartiers composant Soissons, ce pont permettait le cheminement des processions entre l’abbaye royale Saint-Médard fondée au début du VIe siècle et la cathédrale.
Une légende, qui n’est pas propre à Soissons, attribue sa construction à une aide apportée par le diable lui-même. La légende veut que l’architecte en charge de la construction de l’ouvrage, face aux difficultés qu’il rencontrait pour mener à bien le chantier, ait accepté le soutien du diable. Aide évidemment qui avait sa contrepartie.
Alors que le chantier traînait en longueur depuis des mois, le pont est construit en une nuit. En revanche, à partir de ce moment, le diable prélève chaque jour la treizième personne franchissant la rivière. Il faut alors l’intervention de saint Waast qui en prenant la place d’une treizième personne parvient à faire fuir le diable et ainsi à faire cesser la malédiction.
Plus concrètement, construit au milieu du XIIIe siècle, ce pont aux six arches ogivales retombant sur cinq piles dans l’Aisne semblait devoir faire pour toujours partie du paysage urbain… jusqu’au 31 août 1914… Face à l’irrésistible avancée allemande, décision est prise de dynamiter les trois ponts de Soissons enjambant l’Aisne.
Pourtant, en fin de journée, les troupes allemandes franchissent sans difficulté le pont Saint-Waast… Mais lors de leur repli, le 12 septembre, les Allemands font sauter l’une des arches de l’ouvrage. Pour rétablir le lien entre les deux rives, il faut attendre le printemps 1915 pour que le corps d’armée du Génie britannique confectionne de bric et de broc une travée de bois. L’appellation « pont des Anglais » remonte à cette époque.
Le conflit terminé, une arche en béton armé de 63 mètres de haut est construite. Elle est à nouveau détruite en 1940.
En 2016, ce pont chargé d’histoire a cédé la place à une passerelle pour piétons aux lignes élancées. Le projet a été conçu avec la préoccupation de mettre en évidence le lien de la ville à la rivière Aisne tout en réaffirmant cette circulation fondamentale ancrée dans l’histoire de Soissons. Les lignes épurées de cet ouvrage d’art s’intègrent parfaitement dans le vaste projet de valorisation des berges de l’Aisne.