Chaque époque apporte son lot d’innovations architecturales. Ainsi, au début du XXe siècle, le marché couvert apporte la modernité d’une architecture à la Eiffel. L’édifice, qui échappe miraculeusement à la Première Guerre mondiale, possède une esthétique très originale.
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Depuis le sommet de la tour sud de la cathédrale, accessible régulièrement dans le cadre de visites guidées, le marché couvert présente d’étonnantes analogies avec une soucoupe volante : sa structure métallique complexe est composée de seize poutres de dix-sept mètres de hauteur, reliées entre elles dans le sol par des tiges d’acier, comme un immense Meccano.
Ayant miraculeusement échappé aux destructions de la Première Guerre mondiale, le marché couvert de Soissons continue d’intriguer plus d’un siècle après sa construction. Les pourparlers au sujet de sa construction débutent lors de la séance du conseil municipal du 24 février 1905. Ce projet voit le jour dix ans après le legs effectué par Honoré-Charles Desboves, fils de riches cultivateurs, de la somme de 200 000 Francs à la ville de Soissons
Ce legs destine expressément une somme d’argent à la construction d’un marché couvert ou de tout autre bâtiment communal répondant aux besoins de la population. Certains évoquent alors une implantation au sein des bâtiments de l’ancien hôtel-Dieu. Des voix s’élèvent toutefois sur les questions d’hygiène. D’autres évoquent la place Saint-Pierre ou encore la Grand’Place pour cette implantation.
En mai 1909, le chantier est déclaré d’utilité publique ; les travaux peuvent commencer à l’emplacement retenu, celui de l’hôtel-Dieu. Toutefois, une grève des serruriers parisiens en 1911, puis l’endommagement en gare de Soissons d’un train transportant certains des éléments métalliques nécessaires à la construction, entraînent un retard important du démarrage du chantier. En effet, l’ensemble des pièces métalliques composant ce marché couvert est acheminé par chemin de fer depuis Paris avant d’être assemblé sur place.
L’architecte Albert-Désiré Guilbert (1866-1949) fait le choix audacieux d’un ouvrage à ossature métallique : l’emboîtement de deux séries d’arcs superposés convergeant vers la flèche du bâtiment à 18 mètres de hauteur se terminant en lanterneau pour assurer la ventilation des lieux.
La structure complexe se compose de 16 poutres de 40 mètres de portée de chacune 17 mètres de hauteur. Pour en assurer la stabilité, une armature de tiges d’acier ancrée dans le sol relie ces poutres entre elles. L’ensemble forme en vérité un immense Meccano. Les poutres sont rivetées entre elles. A partir de 1850, ce système remplace les pièces moulées caractéristiques de l’architecture employant la fonte.
Soulignant chaque angle à pan coupé, des piliers en pierre, sortes d’étonnants obélisques, marquent les quatre entrées de l’édifice.
Ils font fonction de contreforts et jouent le même rôle que les tirants au sol. Cette structure en coquille explique que le marché couvert a su résister aux deux guerres mondiales en accusant seulement un fléchissement des pannes fixées poutre à poutre.
Le marché couvert de Soissons relève davantage du corpus des grands édifices tels que les gares, les bourses ou encore les coupoles que les marchés et halles de type Baltard. C’est en cela que réside sa singularité.